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LA LÉGENDE DES DEUX COLLINES

Les petits plus du weekend ( 4 septembre 2021)

Tout le monde connaît la jolie ville de Kâmpong Cham, ses rives et ses plages magnifiques qui bordent le Mékong, son pont bambou aujourd'hui disparu. Avant 1974, nous aimions y séjourner le temps d'un weekend. À Phnom Penh, nous prenions l'un des derniers sampans le vendredi et remontions le fleuve au gré du vent...


Ce que l'on connaît moins c'est la légende qui est associée aux deux collines, proches de Kâmpong Cham.
Nota : (កំពង់ចាម Kâmpong Tïam en prononciation exacte)


Si nous voyageons de Phnom Penh à Kampong Cham, en prenant la nationale N°7, à hauteur de la borne kilométrique 116, en regardant sur votre gauche et vers le nord-est, vous apercevrez deux collines.

La plus haute est surnommée "Phnom Srèye" ( ភ្នំស្រី = colline des femmes); la plus basse est nommée "Phnom Pros" ( ភ្នំប្រុស = colline des hommes).

La légende.

Il y a fort longtemps, une reine nommée Srèye Ayoutchyïr ( ស្រីអយុធ្យា ) régnait sur le pays des Khmers. Comme elle était souveraine, et très belle, personne n'osait la demander en mariage. C'est donc elle qui demanda en mariage l'homme qui lui plaisait. Ainsi, elle put continuer la lignée de son royaume.


Suivant l'exemple de leur reine, Srèye Ayoutchyïr, qui avait choisi son époux, toutes les femmes firent de même. Et cela dura tout le règne de cette souveraine. Mais avec le temps tout changea ! Car les femmes moins belles que les autres, se voyaient rejetées.


Au cours du règne suivant, les femmes se réunirent et dirent :
Il est indigne pour nous, les femmes, d'aller demander les hommes en mariage. Il faut que cela change ! Faisons un pari avec les hommes, et soyons les plus malines ! Pour cela, nous allons élever deux collines, l'une par les femmes, l'autre par les hommes. Les gagnants seront ceux qui élèveront la colline la plus haute, en une nuit ! Si les hommes perdent, ils devront nous demander, en mariage


Après avoir réfléchi à cela, elles proposèrent leur ambitieux pari comme il en fut décidé, et convinrent avec les hommes que le transport de la terre se ferait de la tombée de nuit jusqu'à l'apparition de l'étoile du matin, sans jamais s'arrêter. 
Les hommes, se fiant à leur force, acceptèrent le pari, et dès la nuit venue, les hommes d'un coté et les femmes de l'autre, transportèrent la terre pour élever leur colline.


Pendant la nuit, après trois ou quatre heures de travail, les femmes virent, dans la pénombre, que les hommes avançaient plus rapidement. Surprises, mais plus intelligentes, elles hissèrent une petite lanterne, le plus haut possible, au bout d'un long bambou.
Les hommes, apercevant cette lueur, la prirent pour l'étoile du matin et cessèrent de travailler, puis s'endormirent tous.


Pendant ce temps, les femmes continuèrent à transporter la terre jusqu'au lever de l'étoile du matin.


Au premier chant du coq, les hommes se réveillèrent, virent la véritable étoile du matin et s'exclamèrent :
Nous avons été trompés ! Nous avons commis une erreur, car la vraie étoile du matin vient de paraître ! 

 

Puis, regardant la colline faite par les femmes, plus grande et plus haute que la leur, ils se sentirent humiliés d'avoir été joués aussi facilement.
 

Depuis, ce sont les hommes qui demandent les femmes en mariage, au Royaume du sourire.
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Extrait du livre des "Légendes khmères”, tome 5, épisode 10, publié en 2001 par l'Institut Bouddhique" de Phnom Penh. Traduction et Adaptation française par Kroussar.

Les deux collines